Dans les cabinets d'expertise comptable comme ailleurs, dans certains cas, augmenter les prix n'est pas une option, et la seule solution pour améliorer la marge réside dans la réduction des coûts. La subsidiarisation des tâches, qui consiste à redistribuer les tâches selon les niveaux de compétence et d'expérience, devient alors une stratégie clé pour restaurer la rentabilité.
1. Qu'est-ce que la subsidiarisation ?
La subsidiarisation est une approche organisationnelle où les tâches sont confiées à des collaborateurs de niveaux de séniorité différents, en fonction de la complexité et de la valeur ajoutée de chaque tâche.
Dans un cabinet d'expertise comptable, cette approche permet d'assigner des tâches de moindre complexité (par exemple, la saisie comptable ou des tâches administratives simples) à des collaborateurs juniors, tandis que des missions plus complexes ou stratégiques sont réservées aux experts seniors ou aux managers.
Cette répartition permet non seulement d’optimiser l’utilisation des ressources humaines, mais aussi de garantir que chaque tâche est réalisée au coût le plus compétitif possible. Le but est de s'assurer que les collaborateurs les plus expérimentés consacrent leur temps aux activités qui apportent une valeur réelle et justifient les honoraires les plus élevés, tout en réduisant le coût global des missions.
2. Pourquoi permet-elle d'augmenter la rentabilité d'une mission ?
Réduction des coûts opérationnels : Dans le cadre d'une mission, les coûts sont souvent fixés par les salaires et les charges sociales des collaborateurs. Si les tâches sont mal distribuées — par exemple, si un collaborateur senior effectue des tâches qu'un junior pourrait gérer — cela entraîne une surutilisation des ressources coûteuses. Par conséquent, en déléguant les tâches les moins complexes à des collaborateurs juniors, il devient possible de réduire les coûts horaires globaux de la mission sans compromettre la qualité du travail fourni.
Alternative à l'augmentation des prix : Augmenter les tarifs peut parfois être difficile, notamment en raison de la concurrence ou des relations commerciales établies avec les clients. Dans ce contexte, la subsidiarisation devient une alternative stratégique, car elle permet de réduire le coût de production sans toucher au prix de vente. Cela améliore directement la marge bénéficiaire. Il est essentiel de noter que, dans certains cas, les missions peuvent être "mal margées", c'est-à-dire qu'elles ne sont pas assez rentables, non pas en raison des prix, mais en raison des coûts excessifs de production liés à une mauvaise allocation des ressources.
3. Importance de se doter d'objectifs en termes de subsidiarisation
Mettre en place un système de subsidiarisation efficace nécessite d'établir des objectifs clairs. Un cabinet d'expertise comptable doit non seulement mesurer la charge de travail, mais aussi fixer des objectifs en termes de taux de subsidiarisation pour chaque mission. Cela implique de savoir quel pourcentage du travail doit être confié aux juniors, seniors ou managers, et de veiller à ce que ces répartitions soient respectées dans la pratique.
Il est également crucial de suivre régulièrement ces indicateurs pour s'assurer que les tâches sont correctement déléguées. Une des erreurs courantes dans la gestion des missions est de ne pas fixer de critères clairs pour la répartition des tâches. Cela conduit souvent à une sous-activité ou à une surutilisation des ressources les plus coûteuses.
4. Utilité des outils de business intelligence pour mesurer les réalisations par rapport à ces objectifs
Les outils de business intelligence (BI) jouent un rôle crucial dans la mise en œuvre et le suivi des objectifs de subsidiarisation. Ces outils permettent d'automatiser la collecte et l'analyse des données liées à la gestion des missions. Ils peuvent, par exemple, suivre en temps réel les heures passées par chaque collaborateur sur une mission donnée, ainsi que leur niveau de séniorité. Cela permet aux gestionnaires de vérifier si les objectifs de subsidiarisation sont atteints et d'ajuster les allocations de ressources en conséquence.
De plus, grâce à des tableaux de bord personnalisés, les cabinets peuvent analyser la rentabilité de chaque mission et identifier rapidement les dérives. Si une mission dépasse les coûts prévus, les outils de BI permettent d'alerter les managers et de proposer des correctifs, comme une redistribution des tâches. Ces systèmes automatisés garantissent que chaque mission reste rentable et que les écarts par rapport aux prévisions sont corrigés rapidement.
Conclusion
La subsidiarisation des tâches est une méthode clé pour restaurer la rentabilité des missions dans un cabinet d'expertise comptable, en particulier lorsque l'augmentation des prix n'est pas une option.
En redistribuant intelligemment les tâches en fonction des compétences et des niveaux de séniorité, les cabinets peuvent réduire les coûts tout en maintenant un niveau élevé de service. Pour assurer le succès de cette stratégie, il est indispensable de fixer des objectifs clairs et de les suivre grâce à des outils de business intelligence.